6 Mars 45
A Suzanne Lavallée
Sans cesse dans la nuit
des obus et des balles
Un tonnerre de coups qui grondent fendant lfair
Zébrant un sombre ciel et leur sinistre éclair
A quelques pas de moi, je distingue des râles.
Nuits
blanches où la mort mfa frôlé. Nuits fatales
Nerfs tendus à la vue
affreuse de la chair
Ensanglantée. Attente à lfaube,
au matin clair
Je mfen souviens encore. Et ces visages pâles
En larmes, et ces
morts sur le sol étendus
Tfont fait frémir, mon
âme. Et ces
spectacles dus
A la guerre maudite, à la folie
humaine,
Incendie et pillage et la foule en fureur
Mfont enlevé la foi que
jfavais si sereine
En cette humanité de dégoût et dfhorreur.