En
guise de présentation
Dfune lecture
hâtive et superficielle de ces poésies surgissent deux
observations.
La première
est que chaque poésie est un message de son
auteur à son
lecteur destiné à permettre à tous de se
connaître, de se comprendre et de mieux
sfattacher lfun à lfautre. Cette vérité brille de
tout son éclat en ce qui me concerne. Je retourne vers mon
passé, les temps heureux où jfaidais la jeunesse
vietnamienne à escalader les
pentes fleuries, mais souvent escarpées, de la littérature
française. Jfavoue
avoir commis une grande erreur,
Cette tradition
millénaire a laissé des traces évanescentes dans le
Vienam dfaujourdfhui.
Mais si lf élève
respecte son maître
à lfégal de son père, il ne
sfensuit pas que le maître
ait de lfélève une meilleure connaissance et
compréhension comme le père à
lfégard de son enfant. Cfest le reproche que je
mfadresse
quand jfexamine mes relations avec Nguyen Dinh
A lfépoque
où il suivait mes cours, je savais de lui qufil est un
brilliant sujet dont lfintelligence dépasse en finesse
En
fait
ces poésies ne datent pas dfhier. Elles ont été
composées depuis les
temps lointains où le poète vivait les états
dfâme qufil décrivait, mais pour
le lecteur cfest une découverte. Je découvre ce que
jfignorais grâce à quoi je peux compléter lfimage que jfignorais
de Nam. Il nfétait pas un pur intellectuel féru
de culture
professant un dédain complet des réalités au milieu
desquelles il vivait. Non, il nfest pas un pur esprit dont lfintelligence
fonctionne
dans un monde supraterrestre. Au contraire, nanti dfun tempérament
passionné, il a des yeux pour regarder les merveilles du monde,
admirer
les jeunes beautés qui sfy pavanent, il a une bouche pour soupirer
dfamour,
lancer des déclarations enflammées. Bref, il nfest pas
une intelligence qui évolue dans le monde des esprits, jongle avec
les pensées,
il est aussi un corps pourvu de sens, il vit dans le réel, au milieu des
réalités. Mais les soupirs qufil lance restent sans écho
et
les hommages qufil adresse sont accueillis par une froide indifférence.
Félicitons-nous en. Il
nfest pas
dfexemple qufun amour heureux parce que partagé puisse enflammer
lfinspiration
poétique. Seules des passions contrariées, les
amours restés
sans echo inspirent le poète. Notons que
parmi les
beautés dont lfimage traverse lfoeuvre, figure la jeune Vu Thi
Chin qui
deviendra lfépouse du poète. Le message lancé par le
poète atteint son
but:
La seconde
observation
concerne lfimpact du milieu sur lfêtre. Nous ne possédons
pas lfinventaire
complet des rencontres qufil a faites, des gens qufil a fréquentés . Mais ce
qui apparaît nettement dans ce volume nous permet de saisir lfimportance
de
lfinfluence que le milieu politique exerce sur le poète. Les
dirigeants savent
bien que pour acclimater une idée ou une doctrine dans un milieu
humain , lfinculquer dans lfesprit des gens,
lfenraciner
dans leur conscience, faire dfelle le
principle de lfaction, un enseignement direct est insuffisant. Il faut laisser à la patience et à la longueur
du temps la
possibilité de jouer leur rôle, permettre à lfeau qui tombe
goutte à goutte de
finir par transpercer le rocher. Mieux encore, il
faut
que les yeux où qu'ils se tournent, se heurtent aux mêmes
formules
dfaction et
mots dfordre. Il faut que les mêmes
slogans soient
répétés sans arrêt par les bouches et frappent
le tympan de toutes les
oreilles. Il faut que les honneurs et distinctions
honorifiques et en premier lieu, lfadmission au Parti dirigeant,
récompensent
le zèle des gens qui appliquent consciencieusement les ordres
lances par les
dirigeants. Dans une maison en proie aux flammes, le même feu brûle
les gens qui
se trouvent enfermés.
Dans ce
recueil aucun poème nféclaire le lecteur sur les sentiments
du poète à lfégard
du communisme, le phénomène bouleversant du 20e
siècle. Mais on y trouve
dans
une sincérité éblouissante lfhommage de respect et
dfadmiration envers le leader que le peuple entier idolâtre: Ho Chi
Minh.
3
Janvier
1995
En la
87è
année de ma vie
Nguyen Manh
Tuong *)
______________________________
*) Luật sư Nguyễn Mạnh
Tường (1909-1997), người Việt Nam duy
nhất đậu hai bằng Tiến sỹ Luật
khoa và Tiến sỹ Văn chương năm 23
tuổi ở Pháp (Đại học
Montpellier). Về nước,
lúc đầu ông dạy học tại
trường
Trung học Bảo hộ (Lycée du
Protectorat). Sau
ông bỏ trường, mở văn phòng
luật sư. Ông tham gia
kháng chiến chống Pháp đến khi
hòa bình lập lại (1954) thì trở
về Hà Nội và làm
giáo sư trường Đại học Văn
khoa (nay là Đại học Quốc gia Hà
Nội). Ngày
30 tháng 10 năm 1956 tại một phiên họp
của Mặt trận Tổ quốc ở Hà
Nội, LS Nguyễn
Mạnh Tường, với tư cách thành
viên của Mặt trận Tổ quốc,
đã đọc một bài
diễn
văn phân tích sâu sắc những sai
lầm của Đảng và Nhà nước
trong cải cách ruộng đất
và đề ra phương hướng để
tránh mắc lại sai lầm. Vì phát
biểu này ông Tường
đã bị tước hết mọi chức
vụ và danh vị nghề nghiệp và
phải sống khó khăn thiếu
thốn.
Năm 1991, nhân dịp được phép sang
Pháp ông đã in và phát hành
cuốn sách tự thuật
Lfexcommunié (Kẻ bị khai trừ)
(xuất bản năm 1992). Ông mất năm 1997 tại Hà
Nội, hưởng thọ 88
tuổi.